C’est dans la vigne qu’on fait le vin ; telle est notre maxime au DVH. L’un des fondements de la qualité des vins d’un vignoble, c’est l’amélioration des cépages qui le constituent.
Dans un vignoble, on a régulièrement des ceps qui meurent pour différentes raisons. Il est important de remplacer ces manquants afin de maintenir les rendements de raisin/cep/ha que l’on s’est fixés. La solution la plus facile est de se procurer les plants à remplacer chez un pépiniériste, qui vous donnera ce qu’il possède dans sa pépinière !
Une autre technique intéressante est de faire soi-même, par greffage, les plants à remplacer. Les avantages de ce procédé sont multiples car ils permettent de (i) conserver et d’améliorer le patrimoine génétique de sa parcelle, (ii) de reproduire des ceps de haute qualité qui auront été identifiés préalablement dans son vignoble ou dans un autre, (iii) de choisir son porte-greffe et (iv) d’attendre 1-2 ans avant de transplanter en parcelle le nouveau plant pour assurer une meilleure reprise.
Dans la recherche de qualité des raisins, on privilégiera les ceps sains, les plus robustes aux maladies, ceux qui
font des grappes lâches, ceux qui mûrissent plus précocement et ceux dont les raisins sont plus aromatiques.
Evidemment, la biodiversité, et donc le choix d’un cep intéressant à reproduire, sera plus grande dans un vignoble massal que dans un vignoble clonal.
Concernant la biodiversité, la biologie végétale a cet avantage unique et intéressant que les bourgeons sont le siège de mutations naturelles incessantes (somatiques) dues aux influences environnementales. Ces mutations sont généralement infimes et peuvent modifier en bien ou en mal les qualités des raisins qui en découlent. Car même dans un vignoble clonal où tous les ceps devraient être identiques, quelques années après la plantation, un vigneron attentif pourra constater de légères différences entre eux. Bien que très rares, certaines mutations peuvent être spectaculaires et intéressantes dans la recherche de nouveaux cultivars. On peut citer l’exemple suivant : il y a environ 25 ans, un vigneron de la région de Rioja, Espagne découvre dans son vignoble de tempranillo, cépage exclusivement noir, l’apparition de novo d’un sarment portant une grappe blanche. A partir de cette nouvelle variété blanche, des plants furent reproduits par greffage et un hectare fut planté sans qu’il y ait eu de perte de la mutation. La vigne blanche partageait pratiquement en tous points les mêmes caractéristiques que la vigne tempranillo noire. La cause de la mutation a
été attribuée à des facteurs environnementaux. Il semblerait que le grenache blanc et le pinot blanc soient également issus d’une mutation de leur correspondant noir.
Depuis plus de 4 ans, je reproduis les ceps manquants de nos vignes qui représentent 8 cépages différents. En parallèle, je mène des recherches sur de nouvelles méthodes de greffage et sur la sélection de nouveaux cultivars. Cela fera l’objet d’un autre article une fois confirmation de nos résultats par analyses ADN. Mais aujourd’hui, j’aimerais partager mon expérience de “greffeur” à ceux qui sont intéressés par ce passionnant travail, facile à faire chez soi. Cliquez ici pour télécharger le protocole de la préparation des greffe-boutures en omega.
Georges Siegenthaler, 2014.10.11