Thierry Meyer déguste et commente les 7 cuvées 2011 du DVH

Thierry Meyer

Thierry Meyer

Thierry Meyer a longtemps fourni des critiques au guide Bettanne et Desseauve (B&D), couvrant les régions Alsace, Savoie-Bugey et Jura, et il a pu suivre l’évolution de notre domaine pratiquement depuis ses débuts.  C’est un critique posé, constructif et extrêmement précis qui possède une grande expérience. C’est aussi un  animateur important du site degustateur.com. Il n’a plus écrit d’articles pour le  B&D depuis 2 ans pour se consacrer notamment à l’Oenothèque Alsace et au site internet qui s’y rapporte, oenoalsace.com. Il continue néanmoins de nous suivre dans notre démarche viti-vinicole, ce qui nous aide à nous améliorer. Les changements fréquents des critiques dans les guides de vin sont regrettables et empêchent un regard juste sur l’évolution d’un domaine en ne donnant parfois qu’un instantané biaisé d’une dégustation à l’intention d’un public ciblé! C’est la raison pour laquelle nous restons fidèles  à Thierry Meyer.

GS

 

Les 7 cuvées 2011 du Domaine de Vens-le-Haut (Savoie) – 31/08/12

03-09-2012

Créé comme un projet personnel par Georges Siegenthaler, le petit domaine élabore depuis le millésime 2006 trois micro-cuvées très ambitieuses, et si la mise en bouteille après un long élevage a généralement lieu durant l’été qui suit la vendange, le gros des ventes est réalisé lors d’un gros weekend festif organisé au domaine quelques semaines plus tard début septembre, qui permet de déguster les dernières mises mais surtout de partager la petite production.

Cette année la journée dégustation/vente a eu lieu le 1-2 septembre 2012, et était l’occasion de découvrir la gamme complète, désormais composée depuis l’année dernière des 3 rouges et 4 blancs.

Après 2009 très riche et une année 2010 plus fraîche et plus tendue, 2011 est une année mitigée, qui a donné du souci à bon nombre de vignerons. Une maturité hétérogène, de l’humidité par ci par là, il a fallu beaucoup de patience pour récolter des raisins sains et mûrs. Mais ici la recherche extrême de qualité dans les vignes et en cave du domaine a permis de récolter de bons raisins.

 

Tour d’horizon réalisé à Strasbourg le 31 août 2012. Les blancs sont dégustés à l’ouverture de la bouteille, les rouges présentent une légère réduction, et il est important de les aérer une bonne demi-heure pour profiter de leur bouquet.

 

Vin de Savoie Aligoté 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe est nette, de nuance or blanc soutenue, avec un disque épais, et des grosses larmes dessinant un jambage épais sur les parois du verre. Le premier nez est ouvert, intense et frais, avec des arômes de chèvrefeuille très agréables, une note poivrée et une évolution sur les fleurs printanières. L’attaque en bouche est franche, suivie par du gras, une assez bonne concentration, avec une évolution sur un équilibre plus sec. La finale possède une longueur moyenne, tirée par une légère salinité, ainsi qu’une pointe d’amertume. Un aligoté désaltérant, rafraîchissant, vinifié avec beaucoup de précision. A boire dans les deux ans. 14/20

 

Vin de Savoie Cru Chautagne Jacquère 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe est claire, cristalline, de nuance or pâle avec de légers reflets verts, le disque est épais et les larmes dessinant un beau jambage dans le verre. Le premier nez est discret, délicatement parfumé avec des arômes typiques à la fois végétaux et floraux de la Jacquère. L’aération lui donne de l’intensité, signe d’un vin qui évolue favorablement. L’attaque en bouche est franche, portée par une note légèrement végétale, évoluant sur un équilibre sec de bonne densité en finale. L’acidité est mûre, mais le fruité rappelle les Jacquères produites dans des millésimes frais. À boire frais dans les deux ans. 13/20

 

Seyssel Altesse 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe de nuance or pâle possède beaucoup d’éclat, avec des reflets argentés. Le premier nez possède une intensité moyenne, marqué par des arômes d’agrumes frais, de fruits à chair blanche, avec une pointe florale qui apparaît à l’aération. C’est peut-être le blanc de la série qui possède plus de maturité au nez. L’attaque en bouche est souple, à la fois fraîche tout en possédant du gras, puis le vin se montre ample et concentré avec une fine salinité qui vient titiller le bout la langue. La fin de bouche possède un caractère presque salé, signant un très beau vin dans un millésime délicat. À boire dans les cinq ans. 14,5/20

 

Vin de Pays d’Allobrogie Molette 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe de nuance or blanc possède un bel éclat, un disque fin et le vin dessine des jambes fines sur les parois du verre. Le premier nez possède une bonne intensité, des arômes frais de petits fruits acidulés avec une note de bourgeon de cassis. La bouche est fraîche et légère en attaque, puis aérienne et finement acidulée avec un caractère légèrement amer qui marque la fin de bouche. Un style tout à fait opposé à celui du millésime 2009, très mûr et gras, qui se dégustera jeune et frais à l’apéritif. 13,5/20

 

Vin de Savoie Pinot Noir 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe de nuance rubis clair, plus coloré, avec des traces violacées qui signent la jeunesse du vin. Passée la réduction, le premier nez possède un fruité épicé typique des vins de la région issue de pinot noir. L’aération apporte de délicates notes de cerise noire ainsi que des notes vanillées. L’attaque en bouche est souple, puis de demi-corps avec des tanins qui équilibrent un fruité discret. La finale se montre pure, mais légèrement asséchante avec une note de réglisse. Macération et élevage ont su respecter ce que la nature a donné en 2011, avec un vin léger et fruité que l’on appréciera ces trois prochaines années. 14/20

 

Vin de Savoie Gamay 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe sombre aux reflets violacés trahit cette année encore la grande concentration de cette cuvée. Le premier nez est corsé, de bonne intensité avec des arômes de violette, de petits fruits noirs et une note de cacao. La bouche est riche en attaque, à la fois fruitée et acidulée avec des tanins onctueux qui renforcent la charpente du milieu de bouche. La finale est ample et longue, encore marquée par l’élevage à ce stade, mais possède l’onctuosité de tanins suggère une garde importante. Un vin à garder un ou deux ans en cave avant d’en profiter aussi longtemps qu’il vous en restera en cave. Une nouvelle grande réussite en 2011. 15/20

 

Vin de Savoie Mondeuse Noire 2011 – Domaine de Vens-le-Haut : la robe est dense, profonde voire opaque, avec des nuances pourpres et des reflets violacés. Le vin dessine un jambage épais sur les parois du verre. Le premier nez est ouvert et intense, à la fois marqué par les arômes de fruits noirs, les épices et le poivre comme la mondeuse sait se présenter dans les millésimes de bonne maturité. L’attaque en bouche est riche, sèche car encore dominée par un boisé soutenu, puis le vin évolue sur un fruité mur et acidulé de grande concentration, avec une finale sèche et nette portée par les petits fruits acidulés. Un vin à garder deux années en cave, qui devrait se montrer sublime lorsque l’élevage sera intégré. 14,5/20

 

Ce qui étonne dans la gamme en comparaison de nombreux autres domaines de la région, c’est la finesse et la précision de la bouche et du nez, signes d’une vinification et d’un élevage de grande précision, un peu la marque de fabrique du domaine. Les blancs sont bien entendu vinifiés secs, avec moins de 2g/l de sucre résiduel, ce qui n’empêche pas la roussette de posséder du volume et du gras, donnant une texture moelleuse qui ferait penser à du sure restant. Les caractères de chaque cépage sont bien marqués, et on retrouve la patte du millésime dans l’équilibre entre l’acidité et la maturité du fruit, laissant imaginer que la date de récolte a été choisie de manière optimale.

Idéalement, les vins devraient être gardés encore six à neuf mois en bouteille avant de les consommer, compte tenu de leur mise récente. Malheureusement, les cuvées sont épuisées assez rapidement, alors la meilleure solution est d’en encaver quelques cartons le plus rapidement possible, et de les déguster sur les années à venir.

 

Thierry Meyer