Vendange de la mondeuse 2011

On l’oublie parfois, mais la mondeuse noire est un cépage tardif. On se demande d’ailleurs pourquoi ce cépage est devenu savoyard dans une région au climat plutôt frais.

Ainsi lundi passé seulement, le 17 octobre, le DVH a effectué son dernier jour de vendange de mondeuse. Le raisin très sain, en culture biologique*, a su profiter de ces belles semaines automnales très ensoleillées pour parfaire la maturité des pépins et des peaux. Il ne restait certes plus beaucoup de feuilles, mais pour un mûrissement pelliculaire des raisins, elles ne sont pas indispensables. Les abeilles et les guêpes étaient de la partie aussi et défendaient agressivement leurs sucreries contre les vendangeurs désarmés.

Maintenant, une dizaine de micro-cuves sont parties en fermentation, et les jus rubis foncés montrent déjà de très beaux arômes de petits fruits noirs et des tannins fins.

*Nos recherches en culture biologique ont permis de réduire l’utilisation du cuivre métal en 2008, 2009 et 2010 à environ 400g/ha/an, et en 2011, aucune molécule de cuivre n’a été utilisée. Nous reviendrons plus longuement sur ces essais, qui sont suivis entre autres par la Chambre d’Agriculture des Savoie dans le cadre d’ECOPHYTO, par Sébastien Cortel et d’autres instituts scientifiques. Auteur: GS

Ci-dessous ma réponse à un post de Patrick Essa anciennement publié dans degustateurs.com.  sous le nom de “Maturité du Bourgogne” et maintenant post re-écrit le 14.01.2012 et intitulé  “Maturité du Bourgogne Nouvelle formule 2012” et dont ma réponse a été supprimée!  

Bonjour,

Il pleut et en attendant la pleine maturité de notre mondeuse, je vous soumets ma réflexion au sujet de votre chronique sur la notion de maturité du raisin, qu’elle soit en Bourgogne ou ailleurs, dans certaines régions de Savoie par exemple.

La maturité d’un fruit est l’ensemble des paramètres (par exemple sucres, arômes, acidité, astringence, amertume) qui font qu’un fruit est optimum pour le manger tel quel ou pour en faire du jus, de la confiture, pour planter ses pépins ou ses noyaux ou encore pour en faire du vin. Tous ces paramètres sont plus ou moins corrélés.

Il faut des feuilles pour faire du sucre, on est tous d’accord. Trop de feuilles ne sont pas utiles car alors la vigne fait plutôt du bois que des fruits de qualité. C’est la raison essentielle pour laquelle on taille la vigne pour éviter qu’elle croisse comme une liane. La vigne sauvage (liane) ne fait pas de bons raisins. Les vignerons romains ont bien compris qu’il fallait la tailler pour qu’elle produise des fruits à haute valeur ajoutée et nous poursuivons cette pratique, mais après env. 3000 ans d’expérience on la maitrise plus ou moins par le calcul de la surface foliaire/kg de raisin.

Il est absolument faux de dire que la maturité des raisins s’arrête en l’absence de feuilles. Un raisin, après un certain stade de maturité évidemment, est un fruit c’est-à-dire une entité biologique indépendante constituée de cellules vivantes qui puisent leur énergie vitale dans les sucres emmagasinés dans la pulpe lors de la photosynthèse. La seule raison d’être de ce fruit n’est pas de faire du vin, mais de préserver les pépins et de permettre leur mûrissement afin de les rendre fertiles et perpétuer la propagation de la plante vigne.

Sans rentrer dans les détails de la physiologie végétale, et pour preuve pratique simple demandez aux tailleurs de la vigne la saveur des grappillons qui sont verts à la fin des vendanges et qu’ils dégustent savoureusement en fin d’hiver début du printemps lors de la taille. Ils ont mûri indépendamment de toute photosynthèse foliaire !

Comme vous le mentionnez, il y a une autre maturité qui est celle des anthocyanes (essentiellement la couleur du raisin), mais il y a aussi une maturité des arômes et de leurs précurseurs présents dans les pépins, la peau ou la pulpe.

Une autre maturité qui est à mon avis la plus importante, en tout cas pour les raisins rouges, est celle des tanins de la peau et des pépins. C’est elle qui va apporter de la structure et de la puissance au vin. C’est aussi la plus difficile à maîtriser, car si l’on peut doser facilement les tanins par des méthodes analytiques, il est beaucoup plus difficile de différencier les tanins doux des tanins durs, et cela ne peut se faire que par la dégustation.

Les études montrent que le pic des tanins atteint un sommet plusieurs jours après celui des sucres et des anthocyanes. Mais ce n’est qu’après une dizaine de jours que les tanins durs diminuent au profit des tanins doux.

Bien qu’on ne fasse pas du Bourgogne ni d’ailleurs du Savoie !! la règle que l’on applique au DVH est qu’après la maturité des pépins et des peaux, on attend encore plusieurs jours avant de vendanger.

Auteur : GS

 

Vins du pays de Seyssel produit par le DVH à partir de mono-cépages: mondeuse, gamay, pinot noir, altesse, roussette, molette, aligoté, jacquère